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Friday, July 15, 2016

Ebook Gratuit Comment le peuple Juif fut inventé, by Shlomo Sand Sivan Cohen-Wiesenfeld

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Comment le peuple Juif fut inventé, by Shlomo Sand Sivan Cohen-Wiesenfeld

Détails sur le produit

Broché: 446 pages

Editeur : Fayard (3 septembre 2008)

Collection : LITT.GENE.

Langue : Français

ISBN-10: 2213637784

ISBN-13: 978-2213637785

Dimensions du produit:

23 x 2,8 x 15 cm

Moyenne des commentaires client :

4.0 étoiles sur 5

93 commentaires client

Classement des meilleures ventes d'Amazon:

6.926 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)

Tout Israélien sait, sans l’ombre d’un doute, que le peuple juif existe depuis qu’il a reçu la Torah dans le Sinaï, et qu’il en est le descendant direct et exclusif. Chacun se persuade que ce peuple, sorti d’Egypte, s’est fixé sur la « terre promise », où fut édifié le glorieux royaume de David et de Salomon, partagé ensuite en royaumes de Juda et d’Israël. De même, nul n’ignore qu’il a connu l’exil à deux reprises : après la destruction du premier temple, au VIe siècle avant J.-C., puis à la suite de celle du second temple, en l’an 70 après J.C.S’ensuivit pour lui une errance de près de deux mille ans : ses tribulations le menèrent au Yémen, au Maroc, en Espagne, en Allemagne, en Pologne et jusqu’au fin fond de la Russie, mais il parvint toujours à préserver les liens du sang entre ses communautés éloignées. Ainsi, son unicité ne fut pas altérée. A la fin du XIXe siècle, les conditions mûrirent pour son retour dans l’antique patrie. Sans le génocide nazi, des millions de Juifs auraient naturellement repeuplé Eretz Israël (« la terre d’Israël ») puisqu’ils en rêvaient depuis vingt siècles.Vierge, la Palestine attendait que son peuple originel vienne la faire refleurir. Car elle lui appartenait, et non à cette minorité arabe, dépourvue d’histoire, arrivée là par hasard. Justes étaient donc les guerres menées par le peuple errant pour reprendre possession de sa terre ; et criminelle l’opposition violente de la population locale.D’où vient cette interprétation de l’histoire juive ? Elle est l’œuvre, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de talentueux reconstructeurs du passé, dont l’imagination fertile a inventé, sur la base de morceaux de mémoire religieuse, juive et chrétienne, un enchaînement généalogique continu pour le peuple juif. L’abondante historiographie du judaïsme comporte, certes, une pluralité d’approches. Mais les polémiques en son sein n’ont jamais remis en cause les conceptions essentialistes élaborées principalement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.Lorsque apparaissaient des découvertes susceptibles de contredire l’image du passé linéaire, elles ne bénéficiaient quasiment d’aucun écho. L’impératif national, telle une mâchoire solidement refermée, bloquait toute espèce de contradiction et de déviation par rapport au récit dominant. Les instances spécifiques de production de la connaissance sur le passé juif — les départements exclusivement consacrés à l’« histoire du peuple juif », séparés des départements d’histoire (appelée en Israël « histoire générale ») — ont largement contribué à cette curieuse hémiplégie. Même le débat, de caractère juridique, sur « qui est juif ? » n’a pas préoccupé ces historiens : pour eux, est juif tout descendant du peuple contraint à l’exil il y a deux mille ans.Ces chercheurs « autorisés » du passé ne participèrent pas non plus à la controverse des « nouveaux historiens », engagée à la fin des années 1980. La plupart des acteurs de ce débat public, en nombre limité, venaient d’autres disciplines ou bien d’horizons extra-universitaires : sociologues, orientalistes, linguistes, géographes, spécialistes en science politique, chercheurs en littérature, archéologues formulèrent des réflexions nouvelles sur le passé juif et sioniste. On comptait également dans leurs rangs des diplômés venus de l’étranger. Des « départements d’histoire juive » ne parvinrent, en revanche, que des échos craintifs et conservateurs, enrobés d’une rhétorique apologétique à base d’idées reçues.Le judaïsme, religion prosélyteBref, en soixante ans, l’histoire nationale a très peu mûri, et elle n’évoluera vraisemblablement pas à brève échéance. Pourtant, les faits mis au jour par les recherches posent à tout historien honnête des questions surprenantes au premier abord, mais néanmoins fondamentales.La Bible peut-elle être considérée comme un livre d’histoire ? Les premiers historiens juifs modernes, comme Isaak Markus Jost ou Leopold Zunz, dans la première moitié du XIXe siècle, ne la percevaient pas ainsi : à leurs yeux, l’Ancien Testament se présentait comme un livre de théologie constitutif des communautés religieuses juives après la destruction du premier temple. Il a fallu attendre la seconde moitié du même siècle pour trouver des historiens, en premier lieu Heinrich Graetz, porteurs d’une vision « nationale » de la Bible : ils ont transformé le départ d’Abraham pour Canaan, la sortie d’Egypte ou encore le royaume unifié de David et Salomon en récits d’un passé authentiquement national. Les historiens sionistes n’ont cessé, depuis, de réitérer ces « vérités bibliques », devenues nourriture quotidienne de l’éducation nationale.Mais voilà qu’au cours des années 1980 la terre tremble, ébranlant ces mythes fondateurs. Les découvertes de la « nouvelle archéologie » contredisent la possibilité d’un grand exode au XIIIe siècle avant notre ère. De même, Moïse n’a pas pu faire sortir les Hébreux d’Egypte et les conduire vers la « terre promise » pour la bonne raison qu’à l’époque celle-ci... était aux mains des Egyptiens. On ne trouve d’ailleurs aucune trace d’une révolte d’esclaves dans l’empire des pharaons, ni d’une conquête rapide du pays de Canaan par un élément étranger.Il n’existe pas non plus de signe ou de souvenir du somptueux royaume de David et de Salomon. Les découvertes de la décennie écoulée montrent l’existence, à l’époque, de deux petits royaumes : Israël, le plus puissant, et Juda, la future Judée. Les habitants de cette dernière ne subirent pas non plus d’exil au VIe siècle avant notre ère : seules ses élites politiques et intellectuelles durent s’installer à Babylone. De cette rencontre décisive avec les cultes perses naîtra le monothéisme juif.L’exil de l’an 70 de notre ère a-t-il, lui, effectivement eu lieu ? Paradoxalement, cet « événement fondateur » dans l’histoire des Juifs, d’où la diaspora tire son origine, n’a pas donné lieu au moindre ouvrage de recherche. Et pour une raison bien prosaïque : les Romains n’ont jamais exilé de peuple sur tout le flanc oriental de la Méditerranée. A l’exception des prisonniers réduits en esclavage, les habitants de Judée continuèrent de vivre sur leurs terres, même après la destruction du second temple.Une partie d’entre eux se convertit au christianisme au IVe siècle, tandis que la grande majorité se rallia à l’islam lors de la conquête arabe au VIIe siècle. La plupart des penseurs sionistes n’en ignoraient rien : ainsi, Yitzhak Ben Zvi, futur président de l’Etat d’Israël, tout comme David Ben Gourion, fondateur de l’Etat, l’ont-ils écrit jusqu’en 1929, année de la grande révolte palestinienne. Tous deux mentionnent à plusieurs reprises le fait que les paysans de Palestine sont les descendants des habitants de l’antique Judée.A défaut d’un exil depuis la Palestine romanisée, d’où viennent les nombreux Juifs qui peuplent le pourtour de la Méditerranée dès l’Antiquité ? Derrière le rideau de l’historiographie nationale se cache une étonnante réalité historique. De la révolte des Maccabées, au IIe siècle avant notre ère, à la révolte de Bar-Kokhba, au IIe siècle après J.-C, le judaïsme fut la première religion prosélyte. Les Asmonéens avaient déjà converti de force les Iduméens du sud de la Judée et les Ituréens de Galilée, annexés au « peuple d’Israël ». Partant de ce royaume judéo-hellénique, le judaïsme essaima dans tout le Proche-Orient et sur le pourtour méditerranéen. Au premier siècle de notre ère apparut, dans l’actuel Kurdistan, le royaume juif d’Adiabène, qui ne sera pas le dernier royaume à se « judaïser » : d’autres en feront autant par la suite.Les écrits de Flavius Josèphe ne constituent pas le seul témoignage de l’ardeur prosélyte des Juifs. D’Horace à Sénèque, de Juvénal à Tacite, bien des écrivains latins en expriment la crainte. La Mishna et le Talmud autorisent cette pratique de la conversion — même si, face à la pression montante du christianisme, les sages de la tradition talmudique exprimeront des réserves à son sujet.La victoire de la religion de Jésus, au début du IVe siècle, ne met pas fin à l’expansion du judaïsme, mais elle repousse le prosélytisme juif aux marges du monde culturel chrétien. Au Ve siècle apparaît ainsi, à l’emplacement de l’actuel Yémen, un royaume juif vigoureux du nom de Himyar, dont les descendants conserveront leur foi après la victoire de l’islam et jusqu’aux temps modernes. De même, les chroniqueurs arabes nous apprennent l’existence, au VIIe siècle, de tribus berbères judaïsées : face à la poussée arabe, qui atteint l’Afrique du Nord à la fin de ce même siècle, apparaît la figure légendaire de la reine juive Dihya el-Kahina, qui tenta de l’enrayer. Des Berbères judaïsés vont prendre part à la conquête de la péninsule Ibérique, et y poser les fondements de la symbiose particulière entre juifs et musulmans, caractéristique de la culture hispano-arabe.La conversion de masse la plus significative survient entre la mer Noire et la mer Caspienne : elle concerne l’immense royaume khazar, au VIIIe siècle. L’expansion du judaïsme, du Caucase à l’Ukraine actuelle, engendre de multiples communautés, que les invasions mongoles du XIIIe siècle refoulent en nombre vers l’est de l’Europe. Là , avec les Juifs venus des régions slaves du Sud et des actuels territoires allemands, elles poseront les bases de la grande culture yiddish.Ces récits des origines plurielles des Juifs figurent, de façon plus ou moins hésitante, dans l’historiographie sioniste jusque vers les années 1960 ; ils sont ensuite progressivement marginalisés avant de disparaître de la mémoire publique en Israël. Les conquérants de la cité de David, en 1967, se devaient d’être les descendants directs de son royaume mythique et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars. Les Juifs font alors figure d’« ethnos » spécifique qui, après deux mille ans d’exil et d’errance, a fini par revenir à Jérusalem, sa capitale.Les tenants de ce récit linéaire et indivisible ne mobilisent pas uniquement l’enseignement de l’histoire : ils convoquent également la biologie. Depuis les années 1970, en Israël, une succession de recherches « scientifiques » s’efforce de démontrer, par tous les moyens, la proximité génétique des Juifs du monde entier. La « recherche sur les origines des populations » représente désormais un champ légitimé et populaire de la biologie moléculaire, tandis que le chromosome Y mâle s’est offert une place d’honneur aux côtés d’une Clio juive dans une quête effrénée de l’unicité d’origine du « peuple élu ».Cette conception historique constitue la base de la politique identitaire de l’Etat d’Israël, et c’est bien là que le bât blesse ! Elle donne en effet lieu à une définition essentialiste et ethnocentriste du judaïsme, alimentant une ségrégation qui maintient à l’écart les Juifs des non-Juifs — Arabes comme immigrants russes ou travailleurs immigrés.Israël, soixante ans après sa fondation, refuse de se concevoir comme une république existant pour ses citoyens. Près d’un quart d’entre eux ne sont pas considérés comme des Juifs et, selon l’esprit de ses lois, cet Etat n’est pas le leur. En revanche, Israël se présente toujours comme l’Etat des Juifs du monde entier, même s’il ne s’agit plus de réfugiés persécutés, mais de citoyens de plein droit vivant en pleine égalité dans les pays où ils résident. Autrement dit, une ethnocratie sans frontières justifie la sévère discrimination qu’elle pratique à l’encontre d’une partie de ses citoyens en invoquant le mythe de la nation éternelle, reconstituée pour se rassembler sur la « terre de ses ancêtres ».Ecrire une histoire juive nouvelle, par-delà le prisme sioniste, n’est donc pas chose aisée. La lumière qui s’y brise se transforme en couleurs ethnocentristes appuyées. Or les Juifs ont toujours formé des communautés religieuses constituées, le plus souvent par conversion, dans diverses régions du monde : elles ne représentent donc pas un « ethnos » porteur d’une même origine unique et qui se serait déplacé au fil d’une errance de vingt siècles.Le développement de toute historiographie comme, plus généralement, le processus de la modernité passent un temps, on le sait, par l’invention de la nation. Celle-ci occupa des millions d’êtres humains au XIXe siècle et durant une partie du XXe. La fin de ce dernier a vu ces rêves commencer à se briser. Des chercheurs, en nombre croissant, analysent, dissèquent et déconstruisent les grands récits nationaux, et notamment les mythes de l’origine commune chers aux chroniques du passé. Les cauchemars identitaires d’hier feront place, demain, à d’autres rêves d’identité. A l’instar de toute personnalité faite d’identités fluides et variées, l’histoire est, elle aussi, une identité en mouvement.Shlomo SAND

Le sujet est bien traité mais demande une lecture attentive et une grande compréhension. Le livre dénote un formidable effort de recherche.

j'ai aimé ce livre, je l'ai relu , facile à lire !Je recommande

une contre histoire du judaïsme vue par un universitaire israelien

Ok

En complément de l’excellent commentaire de Adam Zitten je crois utile d’ajouter mes propres remarques, c’est-à -dire celles provenant d’un lecteur non sioniste, sans formation religieuse, ni formation universitaire en histoire, mais ayant fréquenté un mouvement sioniste dans son enfance et dont une branche de la famille s’est installée en Israël depuis de nombreuses années.1. Pour un lecteur qui ne connait pas la bible (c’est mon cas) certaines parties de l’ouvrage sont un peu ardues quoique lisibles. Des explications supplémentaires, par exemple en annexe, auraient malgré tout été utiles.Mais en dehors des passages qui font allusion aux « légendes » de la bible l’exposé d’ensemble est tout à fait clair, avec un peu de polémique et d’ironie qui agrémentent la lecture.2. Cet essai met bien en valeur la difficulté de la science historique, surtout quand les documents sont rares. Il n’y a ainsi pas de certitude quant à l’origine des juifs du Yémen, d’Afrique du Nord ou d’Europe de l’Est, mais de fortes présomptions que ceux-ci ne peuvent, au moins dans leur grande majorité, provenir de la Judée d’il y a 2000 ans.Cette difficulté à connaitre l’histoire réelle du « peuple » juif est d’autant plus grande que les chercheurs ont, le plus souvent, un a priori religieux ou nationaliste, ce qui est bien différent des sciences exactes pour lesquelles les chercheurs ont moins d’a priori et, surtout, subissent moins de pressions de leurs autorités.3. A propos de l’origine des palestiniens. Shlomo Sand se fait un malin plaisir à rappeler qu’en 1918 Ben Gourion et Ben Zvi, les premiers présidents de l’état d’Israël, estimaient que les fellahs palestiniens descendaient probablement des paysans judéens. Mais ils ont oublié ce point de vue (qui leur permettait, sur des bases ethniques, d’intégrer les « indigènes » dans le futur état juif) dès que les palestiniens ont montré de l’hostilité à l’égard des sionistes. Il s’agit là , certes, d’un argument de nature polémique, mais il illustre bien la relativité de la définition ethnique du « peuple » juif qui, en fait, constitue une invention.4. Dans les dernières pages (p.430 et 431) l’auteur résume bien les difficultés dans lesquelles les dirigeants israéliens ont mis leur pays :« La solution idéale, celle qui, compte tenu de l’imbrication et de la promiscuité territoriale entre Judéo-Israéliens et Arabes, permettrait de résoudre un conflit vieux de cent ans, serait évidemment la création d’un Etat démocratique binational… mais il ne serait pas particulièrement raisonnable d’attendre du peuple judéo-israélien, après un si long et si sanglant conflit, et en raison de la tragédie vécue par un grand nombre de ses fondateurs émigrés au XXème siècle, qu’il accepte de devenir du jour au lendemain une minorité dans son pays. Cependant, s’il serait aberrant sur le plan politique de demander aux Israéliens juifs de liquider leur Etat, il faut en revanche qu’ils cessent… d’en faire un Etat ségrégationniste discriminant une grande partie de ses citoyens, regardés comme des étrangers indésirables. »5. Mon admiration pour la profondeur de l’analyse de Shlomo Sand ne m’empêche pas de relever quelques faiblesses (certains évoqueraient des dérapages) non pas dans l’analyse des faits historiques (qui est une affaire de spécialistes), mais dans ses avis sur l’histoire contemporaine. Ainsi j’ai noté au bas de la page 427 : « Il est de loin préférable pour lui (Israël) que ces groupes (institutions et communautés juives de la diaspora) continuent d’exister à proximité des centres de pouvoir et des médias du monde occidental ; eux-mêmes souhaitent d’ailleurs continuer à séjourner dans le riche et confortable « Exil » libéral. » Cela ressemble aux discours (aux fantasmes) antisémites de l’extrême droite sur les lobbys juifs conspirateurs ou une 5ème colonne. Accuser l’auteur d’antisémitisme serait bien entendu ridicule (quoique certains sionistes chauvins ne s’en priveraient pas), mais une formulation explicative aurait été préférable.6. Il reste après lecture de cet essai une question à laquelle je ne sais pas encore bien répondre : peut-on être juif alors qu’on est totalement incroyant, non sioniste et qu’on est persuadé que la probabilité que nos ancêtres proviennent de Judée est pratiquement nulle ?

Comme tout livre, il y a des choses intéressantes et d'autres moins intéressantes. Mon choix fut axé surtout sur la curiosité. Mon point de vue est donc neutre.Livré comme d'habitude en de bons délais et article tout à fait conforme à sa désignation.

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